L’avancée du partenariat Xylm (Bretagne, France) – Descosur (Arequipa, Pérou)


Voici deux mois qu’Inès et Marie ont posté leur premier article sur la mission au Pérou. Ce qui relevait alors de la découverte s’est mué en quotidien : Arequipa leur est davantage familière, l’espagnol a gagné en fluidité, le soleil d’hiver brûle moins la peau, les termes et objectifs du partenariat Xylm-DescoSur se clarifient. Il ne reste qu’un mois à Marie avant qu’elle ne regagne sa Bretagne natale, tandis qu’Inès s’envolera pour la France début novembre. Que le temps passe vite !

Les dernières semaines ont été riches en évènements. Le Pérou fêtait son indépendance les 28 et 29 juillet lors des Fiestas Patrias, et le 15 août c’est au tour de la ville d’Arequipa de fêter sa fierté d’être libérée des colons espagnols. À ces occasions, de grands défilés sont organisés partout dans le pays, lequel met à l’honneur sa cuisine si renommée en Amérique du Sud, ses danses traditionnelles, sa musique andine héritée des civilisations précoloniales. 

Pour concrétiser un peu plus les liens entre différents organismes ESS d’Arequipa et de Bretagne, Inès et Marie ont eu le plaisir de recevoir Agathe du 7 au 11 juillet. Agathe est une ancienne salariée du réseau Bretagne Solidaire qui a travaillé sur le festival Alimenterre avec XYLM avant d’en rejoindre le conseil d’administration. Sa connaissance de l’espagnol et son expérience dans la coopération décentralisée à l’international ont été d’une grande aide lors des rencontres avec les partenaires potentiels. La semaine a débuté par des réunions d’équipes et la visite de plusieurs projets sur lesquels travaille DescoSur, notamment à Tocra et Chalhuanca, où des femmes artisanes développent leur activité de tissage et de commercialisation, avant de se poursuivre avec la rencontre des représentants du département de Gestion Environnementale de l’UNSA (Université d’Arequipa), une partie de l’équipe de l’association Mujeres Ecosolidarias qui travaille sur la gestion des déchets dans la région d’Arequipa et la réinsertion des femmes dans le travail, et finalement, le gouvernement régional de l’agriculture. Cet organe déconcentré de l’Etat péruvien appuie les projets agroécologiques dans la région afin de développer un réseau agricole plus durable.


Juin et juillet ont également été consacrés à la préparation de la sortie de terrain dans la vallée du Colca du 16 au 20 juillet. Cette mission consistait à réaliser un diagnostic des systèmes agroalimentaires des communautés paysannes de la rive droite de la rivière Colca : Tuti, Coporaque, Ichupampa et Lari. Du fait du projet Majes-Siguas de 2009 (une opération de canalisation des sources irriguant la vallée), la rive gauche s’est trouvée plus efficacement irriguée, au détriment de la rive droite, ce qui a eu un important impact économique sur les populations de ce versant. Ce diagnostic servira ainsi à connaître les besoins spécifiques des populations dans les quatre communautés paysannes mentionnées, et ainsi construire un projet de développement adapté.

Même si l’étude est conduite sur quatre districts, le projet original (résultant d’un partenariat entre DescoSur et l’ONG belge Humundi) ne se concentrera que sur une seule de ces communautés du fait d’un manque de moyens financiers pour augmenter l’échelle du projet. Dans ce contexte, nous avons pu déterminer un projet de partenariat similaire, cette fois entre XYLM et DescoSur, dans un des districts restants. Le but ici est de poser une première pierre au partenariat Xylm-DescoSur, en mettant en place un projet opérationnel qui renforcera les liens entre les 2 structures et pérennisera les échanges sur le long terme. L’objectif est également de mettre rapidement en place un projet commun afin de lever des fonds permettant à Xylm d’envoyer à nouveau 2 volontaires en janvier 2026.

Les missions de nos deux volontaires lors de cette sortie terrain ont été variées : préparation des enquêtes, formation des enquêteur.ices, coordination avec les autorités locales, entretiens qualitatifs avec les maires et présidents des juntas de usuarios (les assemblées d’utilisateur.ices des eaux d’irrigation), enquêtes auprès des producteur.trices, impression et réajustement des questionnaires, révision des résultats… Cette expérience de terrain, nécessaire pour en comprendre la réalité, a permis de préciser les attentes des communautés locales (habitants et autorités) et la faisabilité du projet. Les habitant.es ont majoritairement soulevé deux problèmes : le mauvais état des canaux d’irrigation et des réservoirs. “Agua es sangre” : la clef de voûte du développement économique de la rive droite du Colca se trouve dans l’optimisation de la gestion de l’eau.

Au-delà des infrastructures classiques (canaux, “jalantas” (vanne d’irrigation)), les terrasses andines jouent également un rôle primordial dans la gestion des eaux et la conservation des sols (Felipe Morales, 1987 ; Ramos Vera, 1986). Elles permettent aux producteur.ices de gagner en surface et en qualité de production, car elles facilitent la distribution des nutriments dans les sols. Inès, Marie et leurs collègues de DescoSur ont pourtant constaté leur mauvais état lors de leurs visites des parcelles. Ce constat est la résultante de la conjonction de plusieurs problèmes : le manque de moyens financiers, humains (les terrasses andines demandent un entretien constant), le manque d’aides à l’accès à la terre et au crédit, l’absence de formations autour des pratiques agroécologiques, la mauvaise qualité des routes qui desservent les points de vente… En clair, ce premier projet se concentrerait sur l’apport de solutions sur plusieurs plans : développement des pratiques agroécologiques, renforcement de l’adaptation au changement climatique, appui à la souveraineté hydrique des communautés paysannes ciblées. Sans compter que cet accompagnement pluridimensionnel nourrirait grandement les échanges de connaissances entre partenaires péruviens, français, togolais et marocains.

Il est donc peu de dire que ces deux derniers mois ont ouvert de nombreuses perspectives ! Il est maintenant temps de les développer, et c’est ce à quoi s’attellent Inès et Marie, en soutenant à la fois le traitement des données récoltées durant les enquêtes au Colca et en formulant le dossier projet Xylm-DescoSur.

A suivre ! 🙂

Inès et Marie